Nous voilà revenu en Martinique! Pas de réseau pendant 5 jours alors que j'avais acheté une carte valable dans toutes les petites Antilles. Problème, en passant devant Sainte Lucie, je n'avais mis aucun téléphone en mode avion. Sur mon habituel, j'avais fait une manipulation qui, je le croyais vraiment, devait éviter de me retrouver avec une facture de 50€ sans profiter de cette débauche d'itinerance de donnée. Le deuxième que j'avais équipé d'une puce locale de 2 go pour 10€, j'ai eu la mauvaise idée d'installer avant de partir. Il s'est vidé au même endroit. Ce sont là soucis du voyageur pour garder connexion internet et téléphonie. Je connais certains enfants qui vont avoir honte de leur ignare de père. Bref, nul n'est parfait ni n'en a le désir réel. On fait avec ce que l'on est, du mieux qu'on peut, et parfois les évènements ont un caractère mystérieux qui nous dépasse. Autre avarie de parcours, j'ai pu avoir de brèves connexions dans des bars wifi, juste assez pour apprendre que je m'étais fait prendre au radar en Guyane avec la voiture de location à 78 km/h pour 70. Vu où je me suis fait prendre, à Kourou, ça correspond au stress généré par mon téléphone qui s'était, contre ma volonté, mis en mode aveugle et qui s'est mis à parler dans toutes les langues, de plus en plus vite car selon comme je le touchais, les paramètres changeaient hors de mon contrôle générant chez Christian et Thanh un refus catégorique de supporter une telle épreuve. Cependant il fallait trouver le Carbet pour la nuit et j'ai du surmonter mon état de panique au dépend de ma vigilance routière pendant ces quelques minutes et la, j'ai gagné le lot habituel, chose qui ne m'arrive jamais à l'Euromillions

Bon, nous partons de Fort de France mardi 1 Février, direction Bequia vers15h pour arriver le lendemain .

Pourquoi Bequia? Des renseignements obtenus nous savons qu'à Port Elisabeth, la capitale de cette île, la clearance, autrement dit les formalités administratives d'arrivée et de sortie du territoire se font dans le même bâtiment. Ce qui, pour des navigateurs sans moyen de locomotion terrestre autre que leurs pieds est bien commode. La navigation se passe bien, les seuls contrariétés viennent du fait que le vent tourne ou s'absente quand on passe du côté de la côte sous le vent de Sainte Lucie et de celle de Saint Vincent. Nous voyageons en partie de nuit pour préserver Nicole, la femme de Simon, qui souffre du mal de mer et n'apprécie pas outre mesure de monter dans un bateau. Nous nous partageons la nuit en 2 et aucune déconvenue n'a troublé cette émigration vers le sud.

Nous arrivons à Port Elisabeth en milieu de matinée.

Nous sommes accueillis par une petite embarcation à moteur, qui nous demande de hisser drapeau jaune pour indiquer que nous voulons nous faire contrôler sanitairement avant d'entrer sur le territoire. Il nous conduit à une bouée où il nous aide à s'amarrer, précisant le coût pour la nuit et nous envoie vers un restaurant au toit vert pour commencer les formalités d'entrée. Nous avons reçus les résultats du test PCR, in-extremis en mer après le départ.

Nous préparons l'annexe pour nous rendre à ce "sésame" d'entrée. Une dame, nous convie à nous installer dans un carbet d'accueil ouvert au quatre vents et nonchalamment, entre conversations téléphoniques, tâches ménagères et conversation avec d'autres membres du personnel, daigne nous accorder un peu de son temps pour vérifier si sanitairement nous remplissons toutes conditions requises pour accéder au graal de la pose du pied sur les îlots des Grenadines. La facture est salée et payable cash 53€. Pourtant ce est qu'une étape, demain nous devons nous rendre dans un bâtiment administratif ou les douanes font l'entrée sur le territoire et la perception encaisse les droits d'entrée de 35 xdc par personne

Sur ce, nous allons faire un tour en ville. La première impression, vue du bateau, c'est qu'on arrive sur une île coquette à l'instar des villes anglo-saxonnes. Vu de plus près, la misère est juste cachée par des couches de peintures chatoyantes qui font illusion de loin.

Autre difficulté, c'est la communication. Mon anglais scolaire me permet juste de deviner ce qui se dit mais resiste à toute tentative de mise en mots de mes besoins où des reponses aux questions posées. Simon a encore plus de mal et Nicole est entre nous deux. Bon on arrive à obtenir ce que l'on veut mais on a souvent l'impression de se faire trimballer voir plumer dans les échanges commerciaux. D'un autre côté, il faut bien que ces gens vivent. Le dollard Caribeen (xdc) est au plus bas de sa forme, l'euro est la bienvenue encore plus que le dollard américain . Les seules ressources, hors agriculture et pêche, viennent du tourisme.Il y a beaucoup de vendeur à la sauvette, des métiers de circonstance ( barques qui vendent pains et viennoiseries aux plaisanciers sur leur bateau le matin, d'autres qui livrent eau et glace , d'autres vendent du poisson...) La baie est entourée de petits et gros restaurants en tout genre, de petites boutiques de fruits et légumes, de souvenirs, de cafés wifi. La conduite à gauche me perturbe en temps que piéton, les rues sont étroites, les chauffeurs,

afficionados du klaxon ne sont pas tous bienveillants. Pourtant les gens vous saluent même s'ils vous voient pour la première fois.. Les enfants en âge scolaire sont habillés d'un tee-shirt dont la couleur est associée à un établissement et d'un short, jean ou jupe sombre. Les taxi ressemblent aux allugers du Cap Vert. L'entree dans ce pays tout compris reviens à 90€. Nous y venons pour 3 jours dont 2 de navigation. Nous voulons nous rendre aux Tobagos Cays qui est un site de plongée avec masque et tubas pour nager au milieu de tortues herbivores et d'un récif de corail.

Pour y parvenir, nous devons contourner Canouan et rejoindre un point d'allignement à l'entrée d'un chenal étroit qui conduit au site de mouillage situé entre 3 ilets. Tout se présente bien, nous avons préparé une navigation aux petits oignons.

Oui mais voilà, une incompréhension entre Simon et moi, nous amène à sortir du chemin prévu. Les deux points d'allignement étaient marques 1 et 2. Simon me demande si on peut sauter le dernier way point pour rejoindre un point d'allignement. Je réponds oui mais l'êrreur est venu du fait qu'il a confondu 1 et 2 et que je ne me suis pas assuré qu'on allait bien au point de départ du chenal. Du coup, nous subissons un arrêt brutal du bateau, juste amorti car la couleur de l'eau et la remontée des fonds nous ont alerté un peu avant et le bateau était au ralenti. Il a fallu toute la puissance du moteur et faire s'incliner le plus possible Aventurine pour se sortir de là. Nous nous rendons cette fois au bon endroit et avec vigilance renforcées nous arrivons au point de mouillage choisi. Il y a des bateaux mais ce site habituellement surbooké, est loin de faire le plein.

A l'arrivée, un bateau à moteur puissant nous propose une bouée où du poisson "frais". Les tarifs sont élevés mais peuvent se discuter. Mais n'ayant pas assez de dollards east caribéens nous ne faisons pas affaire. Nous jetons l'ancre, le vendeur revient nous proposer un barbecue de langoustes sur la plage en face de nous avec un accompagnement pour 100dollards xcf soit 30€ environ. Nous y renonçons pour les mêmes raisons malgré le regret de ne pas avoir l'occasion de faire des nouvelles rencontres.

Nous mangeons donc sur le bateau après un apéro coucher de soleil top de top. Les îles type Robinson et le calme qui nous entourent ajoutent aux images d'Épinal de paradis terrestre.. Nous assistons de loin aux agapes sur l'île et allons nous coucher. La nuit est paisible et le repos de qualité.

Le lendemain réveil avec un superbe lever de soleilNous prenons le petit déjeuner dans le cockpit, la journée s'annonce bien.. Nous allons ensuite jeter un coup d'oeil sur l'île où il y a eu les agapes de la veille. Elle est habitée par des crabes et des iguanes. Une installation de fortune avec barbecues et tables de jardins permet d'accueillir une centaine de convives chaque soir. L'ile se traverse en quelques pas. De l'autre côté de beaux et gros navires sont à l'ancre À l'extrémité de la plage un tas de galets s'avère être des squelettes de coraux.Nous revenons au bateau pour nous rendre sur le site de snorkeling. L'homme venu nous démarcher hier revient pour nous proposer de nous conduire sur le site des tortues. Nous refusons d'abord puis finissons par accepter cette aide pas entièrement désintéressée. Nous nageons au milieu de paisibles tortues qui passent leur temps à brouter les algues au fond de l'eau et à remonter pour respirer à la surface. Quelques poissons clowns, squattent les corps morts . Je nage un moment au dessus d'une raie pastenague. Sa nage, qui s'apparente à un vol majestueux, est magique. Je croise un gros poisson que je ne saurai identifier, accompagné de poissons pilotes. Puis je m'approche de la barrière de corail et là, c'est une triste désolation, la plus grande partie est un cimetière de coraux, seuls quelques tâches sont encore vivantes et donnent une idée de la magnificence que cette endroit devait avoir il y a quelques décennies.Je me suis équipé d'un sachet étanche pour photographier tout ça mais, dans l'ensemble, ça n'a pas fonctionné. Seule la photo qui suit est visible mais sans grand intérêt.

Après avoir nagé tout le matin, la fatigue me ramène au bateau. Simon et Nicole sont partis avec l'annexe sur une plage, proche de là où j'étais, pour nager et voir les coraux.

Je prépare le repas et lorsqu'ils reviennent nous mangeons dans le cockpit, dérangés par les tortues qui viennent respirer proches du bateau et nous obligent à sauter sur nos smartphones pour tenter de les photographier.Le site est merveilleusement entouré d'ilets qui réveillent la mémoire des histoires de Robinsons ou de pirates de notre enfance.Après le repas nous repartons par le chenal, très concentrés pour ne pas faire d'erreur. Cette fois nous suivons il le bon cap au millimètre près. Nous retournons à Bequia pour faire les formalités de sortie. Nous contournons Canouan et arrivons à Port Elisabeth à la tombée de la nuit.un beau voilier à 5 mats est à lancreLa nuit il s'illumineLe soir nous allons manger dans un restaurant au bord de l'eau, l'ambiance est sympa, pratiquement toutes les tables sont en extérieur. Nous prenons 2 menus poisson riz ou frites et un menu vegetarien. Avec les boissons nous nous en tirons à 25€ chacun, c'est bon et copieux. Le retour au bateau a été un peu plus dur. Notre point de repère, un bar flottant rose à côté de notre mouillage s'est éteint et il fait noir. Après quelques ronds dans l'eau nous finissons par retrouver notre nef et notre lit.

Au matin nous allons remplir les formalités de sortie et faire des courses de complément. Nous passons à un café wifi. Je peux ainsi payer mon amende et prendre quelques nouvelles du pays et surtout préparer la navigation vers Sainte Anne. Notre départ se fait avant midi. Nous partons en calculant arriver le jour lève à la Martinique. Il y a du vent mais contrairement aux prévisions météo, il vient plutôt de face. Nous devons naviguer au près serré qui est inconfortable du fait de la gîte du bateau, des vagues, qui viennent heurter parfois violemment le bateau et qui n'est pas rapide. Nicole n'est pas à la fête. Mis à part ça, la navigation se passe bien, le vent est fort entre les îles mais capricieux lorsque nous longeons les côtes sous le vent. Le soir, il nous semble que notre arrivée pourrait se faire dans la nuit vers 2h. Nous décidons de ne pas faire de quart. Mais le vent tourne et contrarié une fois de plus les prévisions, du coup nous dormons une heure par ci, une heure par là atour de rôle et arrivons à Sainte Anne au lever du jour bien fatigués. Nous jetons l'ancre et allons nous coucher.