Couché tôt, réveillé tôt. A 4h du matin, je me réveille en sueur. Il fait très chaud dans la cabine malgré un courant d'air, j'ai laissé la porte de ma cabine ouverte. Un oiseau chante une melodie inconnue pour moi très fort. Je vais m'installer dans le cockpit. Il était sur les barres de flèche, dés qu'il m'aperçoit il s'envole un peu plus loin sans s'arrêter ses vocalises. La bonne surprise est l'absence de moustiques. C'est assez anachronique car il fait très chaud et humide.Il parait qu'il y en a à la saison des pluies entre décembre et mai.

C'est l'aurore. La vie reprend déjà son cours. Les barques, qui font la navette entre les îles où les rives, partent chercher les ouvriers. Certains arrivent dans la leur propre qu'ils arriment sur la rive avec un piquet.


Je me mets à rechercher les photos faites pendant la traversée, à les trier et les classer dans des dossiers pour illustrer les textes que j'ai pu envoyer via le téléphone satellitaire.

De temps en temps j'observe ce qui se passe autour de moi. Les Anglais partent un peu avant 6h pour "Grenada" m'ont ils informé en disant au-revoir. Des cris d'oiseaux éxotiques se font entendre, éveillant en moi le souvenir des épisodes de "Tarzan l'homme singe" avec Johnny Weissmuller qui passait à la télévision en noir et blanc.

La rivière Paraiba grouille de poissons, le soir en particulier, les carnassiers chassent, ça saute beaucoup autour du bateau. Ce matin, des aiguillettes, sortent d'anguilles à long bec, serpentent dans le courant à l'arrière d'Aventurine.

Simon se réveille peu après moi et prépare le petit déjeuner que nous prenons sur le cockpit.

Il se lance ensuite dans la consolidation de la réparation du Cap Horn faite en mer. Il finira plus tard car il lui manque de la visserie.

De mon côté j'emmène vers 7h30 le linge à la laverie de la marina. Pour 10 reales par kilo le linge est lavé séché et plié soit environ 1,5 €. Nous avons à peine 5kg de lessive à faire faire (surtout nos draps car nous vivons en short ou maillot de bain presque tout le temps.

Je prends un café au passage et discute avec des plaisanciers français de nos choix, des différentes options qui pourraient se présenter, de ce que certains ont pu où pas pu faire dans le contexte.

Sur le retour au bateau j'aperçois sur la grève boueuse une miryade de crabes.


Ce ne sont pas des cailloux mais bien des petits crabes les points noirs.

Un grain passe, il pleut un peu. J'en profite pour faire mes comptes. Un des avantages d'être en navigation c'est que tant qu'on est en mer on ne dépense rien sinon les communications, carburants, assurances,...Du coup on maîtrise plus facilement le budget. Le seul problème c'est la casse de matériel qui coûte cher. Les réparations sont partagées. Les prévisions qui m'avaient été données étaient nettement en dessous de la réalité.

Les employés de la marina viennent nous changer de place car un gros bateau avec beaucoup de tirant d'eau va arriver et ne peut se mettre que là où nous sommes. Du coup on en profite pour apponter par l'arrière ce qui rend l'accès au bateau nettement moins sportif.

Quand c'est fait, je mets un masque de plongée et vais voir sous le bateau si l'écrou qui tient l'hélice est desserré. Suite à notre calamiteuse arrivée, les cordages s'étant entourés autour de l'axe de l'hélice, je ne suis pas surpris de constater qu'il faut resserrer la même chose qu'à Mindelo. J'espère seulement que ce sera possible sans plus de dégâts.

Simon doit aller sans une quincaillerie avec le voisin. Il dois acheter de la visserie et la clef nécessaire pour fixer l'hélice. De plus j'ai vu sur internet qu'on peut mettre du frein filet sous l'eau, c'est une pâte qui rend plus difficile le desserrage des écrous.

Je nettoie les bidons achetés à la hâte à Mindelo avec du gazoil car il y a un bac pour les huiles usagées sur le chantier de la marina. Une fois fait, je vide tous les bidons de gazoil dans le réservoir car nous devrons les emmener à pied avec la remorque jusqu'à une station service a 1 ou 2 km d'ici. Nous devrons faire un deuxième voyage pour compléter les bidons utilisés pour faire le plein du réservoir.

Avant d'aller manger nous vérifions les niveaux d'huile et de liquide de refroidissement du moteur et du pilote automatique. Nous nous préparons au départ Dimanche. Je vais quitter le Brésil avec regret, c'est un pays a fort contraste entre richesses extrêmes et pauvreté absolue. Il y a beaucoup de dangers mais aussi des opportunités, les gens sont attachants, la musique est partout mais pas que la samba. Je suis allé faire un tour dans le village, en fait dans une des rue principale, emmaillee de tout petits commerces. Je cherchais des cartes postales et des timbres je n'ai trouvé ni l'un ni l'autre. Cependant j'ai été frappé par le fait que toutes les entrées des maisons sont grillagées solidement. Certaines petites épiceries n'ouvrent pas les grilles pour vendre.

Ça craint pas mal.Pourtant notre voisin nous  a expliqué que ça s'était nettement amélioré. Ici avant étaient des favelas, la drogue et la prostitution y régnaient en fléaux. Par ailleurs il ne m'est rien arrivé de plus que si le m'étais promené dans nimporte quel village en France. Par contre j'y ai vu de pêcheurs sur le pas de leur porte réparer leurs filets en utilisant pieds et main pour l'ouvrage, des restaurants plein de monde faisant une cuisine locale simple. J'avais envie de m'y arrêter( je le ferai peut-être une autre fois). Il y a également plein de toutes petites épiceries aux étales peu achalandées, vendant quasiment toutes les mêmes denrées alimentaires. Il y a aussi beaucoup de constructions en chantier. Est-ce l'esprit portugais ? Les routes sont pavées comme au Cap Vert. Ce petit bout du monde dans ce vaste pays , à la limite de la vie sauvage dans la nature et les villes gratte-ciel est représentatif de ce qui se déroule ici.

C'est l'ambiance far west des États-Unis du 18emme siècle avec les technologies d'aujourd'hui qui nous est décrit par notre voisin et homme d'affaire. La guerre de possession des terres est une réalité au présent, avec des installations pirates sur des terrains privés, une administration corrompue et des milices privées qui révèlent les problèmes radicalement.

J'ai appris que sa femme est aussi avocate d'affaires au Brésil et gère ses affaires sur le plan légal.

A midi repas à la marina, tortilla(omelette patates lardons pour ceux qui ne parlent pas couramment Brésilien) salade pour 20 reales soit 3,5€. On s'est permis le luxe d'y ajouter une bière, une glace et un café. On verra ce soir quelle folie nous aurons faite au niveau des dépenses . En plus on mange aux pieds des cocotiers que l'on aperçoit entre mur et toit de cette immense halle.

Après cette orgie repos au bateau, blog. Simon part a la quincaillerie avec notre voisin.

Pendant ce temps j'essaye vainement de trouver la panne électrique de l'autoradio. A son retour nous sommes invités à boire le café sur le catamaran.Notre homme d'affaire se raconte un peu plus, c'est un fêtard occasionnel comme beaucoup de gens qui ont réussi financièrement.

Le voilier nous ramène les voiles, Simon vérifie et paie les réparations..Nos hôtes nous invitent à Fortim chez eux. Nous les remercions et retournons au bateau après avoir visité l'intérieur du catamaran. Une vrai maison flottante pouvant accueillir 10 a 15 personnes plus le personnel de service sans problème.Nous montons nos voile à bord, nous les remettrons en place demain si le vent est doux ou absent. Je vais chercher mon linge vers 17h30 à la laverie mais trop tard, c'est fermé, la dame s'en va. Ce sera pour demain matin.

Les barges commencent à glisser en musique sur le Paraiba, certaines sont pleines à craquer.

Ce soir repas pizza à la marina. Je l'agrémente d'un punch Brésilien dont j'ai fait répéter 4 fois le nom mais que je suis incapable de désigner ce soir. Il va falloir que j'en boive plus souvent. Les gens viennent toujours nous voir pour demander où on en est. L'ambiance est amicale et chacun apporte son expérience ou son avis sur les problèmes rencontrés. Le cuistot est à tu et à toi avec moi, le courant passe bien. Mon portugais est babillant mais on souligne ici mes petits progrès. Le chef cuistot me dit que le portugais du Brésil est très différent de l'originel européen. Ici, ils appellent les portugais les cocottes minutes parce qu'ils chuintent beaucoup, un peu comme les auvergnats chez nous, quand ils parlent. Le Brésilien est plus léger, plus chantant, comme l'accent du midi en France. Après avoir payé la note du jours, 175 reales soit 30 € pour 2 repas chacun soit 7,5 le repas, retour au bateau. Simon souffre des jambes sans repos et ce soir particulièrement il est très mal. Il va se coucher. Je reste un peu dans le cockpit pour profiter de la douceur de la nuit. Des pêcheurs sur une barque avec une lampe à l'étrave, l'un debout à l'avant avec une épuisette qui lui sert de rame à l'autre bout et l'autre à l'arrière qui propulse la barque passent silencieusement entre les bateaux amarrés. Ils sont probablement à la recherche des aiguillettes qui, paraît-il, sont d'excellents appâts pour la pêche en mer. Un grain se déverse sur Jacaré, je me replie à l'intérieur et vais aller me coucher.