Nous subissons le premier front de la dépression cette nuit. Des vagues de 2 à 3 m et un vent de 20 noeuds avec des rafales à 30 noeuds secouent et éprouvent la tenue de notre bateau. Nous avons pris les 3 ris et, en voile d'avant, mis la trinquette. Les bruits de l'éolienne, du vent et des vagues, qui frappent la coque par moment sur le côtés sont effrayants . Heureusement la lune arrivé à percer les nuages et nous éclaire d'une lumière blafarde. Nous voyons ce qui se passe tout autour. Le bateau tient bien le coup. Pendant le premier quart de Simon, je dors tout habillé dans le carré au cas où il aurait besoin d'aide, c'est la période la plus forte de ce premier front. Une accalmie arrive vers la moitié de mon quart après que le vent aie tourné. J'opère un changement d'amure par empanage. Nous naviguons sous pilote car le cap-horn ne tient pas . L'éolienne fournit suffisamment de courant pour alimenter le pilote mais les batteries sont faibles.

Au petit matin, il y a encore de grosses vagues, le vent s'est affaibli. Ma salle de bain favorite étant occupée par Dame tempête, je fais une toilette de chat a l'évier de la cuisine.

Simon remet le cap Horn et après quelques réglages, il arrive à tenir le cap.

D'après les prévisions météo nous allons avoir un moment plus calme avant l'arrivée demain du front principal, beaucoup plus violent. Normalement nous devrions éviter les vents les plus forts mais certaines rafales vont approcher les 40 noeuds demain entre 15 et 21 h. Nous filons vers le sud pour ne pas subir les effets les plus néfastes. Nous sommes à 220 miles du point à partir duquel nous pourrons remonter vers les Açores. La dépression nous talonne à grande vitesse. Elle va nous raser(rafales les plus fortes) puis remonter vers le nord et quitter rapidement la zone. En son centre soufflent des vents a plus de 57 noeuds. Il est a 380 miles au nord de notre position. Sur l'animation météo c'est une ogresse. Je me sens petit pousset, il me manque les bottes de 7 lieues. Simon fait un pain pour demain car il pourrait être difficile de cuisiner quand ça bouscule fort.

Repas de conserves et sieste chacun son tour. Ma tentative pour remettre le cap-horn échoue, le vent et les vagues sont encore trop forts. Celle de Simon, 2h plus tard semble fonctionner. Mais le cap n'est pas bon, nous devons remettre le pilote.

Demain la mer sera forte, je prépare une salade riz, thon, Macédoine pour midi.

17h30, Simon s'aperçoit que l'etaie largable est molle. En regardant en haut, elle est en train de nous lâcher, les torons se délitent. Nous abattons la trinquette,remettons l'étaie largable à sa place de rangement car elle ne tient plus rien et ajoutons la drisse de trinquette au 2 autres pour tenir le mât. Ça commence à faire beaucoup et le coup de grisou n'est pas encore passé.

Je suggère a Simon de préparer la pince a couper les haubans si le mât lâche et de préparer le bidon avec les affaires nécessaires au cas où nous devrions quitter le navire.

Nous vérifions la radio vhf portable, emballons les conserves mangeables sans cuisson dans un sacil nous restera plus qu'à prendre nos papiers si c'est nécessaire. Il ne s'agit pas de dramatiser la situation mais de se préparer au cas où . La situation est inquiétante mais bpzs dramatique. Le mât ne bouge pas maintenu par 3 drisses. La crainte vient maintenant de la grand voile car c'est le dernier mode de traction du bateau. Si la drisse lâche ou la bôme comme c'est arrivé il y a peu, les conditions météorologiques ne nous permettrons peut être pas d'intervenir. Pour le moment on en est pas là.

Ce soir repas silencieux de pâtes. L'inquiétude est palpable. Nous aimerions être après demain, une fois la tempête passée.

Le cap Horn a du mal à trouver l'équilibre sans voile d'avant, nous chargeons les batteries avec le moteur. Il démarre sans difficulté espérons que ça dure. L'espoir fait vivre mais la vie est déjà un espoir.

Dans la nuit nous devrons remettre le 3eme ris avant que les fortes rafales nous rattrapent.

Je vais aller me coucher mais je ne suis pas sûr de trouver le sommeil. Je vais penser à ma famille, mes amis et me concentrer sur ce qu'il faudra faire au fur et à mesure des évènements.