Hier soir, une superbe lune rousse se lève juste après le coucher du soleil. Nous avons réglé la vitesse du moteur a moins de 2,5 noeuds pour arriver de jour à Cienfuegos. La nuit est donc très calme Pas un seul bateau en vue, des lumières sur la côte, peu de phares sont les seules indications de la proximité de l'île. Nous sommes devant la passe pour entrer dans la baie intérieure a 7h30. Une centrale nucléaire style Tchernobyl au bord de la mer est vraisemblablement refroidie a l'eau de mer directement. L'entrée de la passe est encombrée de petites barques de pêcheurs à la ligne qui lèvent à peine la tête tellement ils sont concentrés sous le soleil déjà chaud à leur occupation. Un chalutier nous dépasse et nous montre le chenal, un catamaran sort pour prendre le large. Le balisage est bien fait et nous arrivons sans encombres a la marina où nous sommes accueillis par le capitaine de la marina depuis un ponton alors que nos appels radio dans un espagnollaborieux sont restés sans réponse compréhensible.

L' appontage sur un ponton en béton se fait en douceur, il y a peu de vent. L'accueil est chaleureux mais nous devons mettre le pavillon sanitaire et attendre la visite du médecin de la marina avant de descendre du bateau. Il est 9h du matin. Le médecin vient assez rapidement, regarde nos pass sanitaires et nous devons ensuite aller au bureau de la police des frontières puis de la marina. Les questions sur notre provenance sont nombreuses, un homme vient, discuté avec le garde frontière a propos de Saint Martin et San Marteen l'île aux 2 nationalités qui semble leur poser problème. L'homme part avec nos passeports pendant que le policier nous demande ce que nous avons comme nourriture à bord. L'échange est laborieux mais entre anglais, espagnol et langage des signes non conventionnel, nous arrivons à satisfaire les exigences. Nous sommes invités à nous rendre au bureau du capitaine ou les renseignements sur le bateau nous sont demandés, un tarif communiqué. Il nous facture la clearance (un droit d'entrée sur le territoire) et un visa pour 3 mois pour 200€ pour les deux. Nous retournons récupérer nos passeports au bureau de la police des frontières sans autre soucis.

Je demande au capitaine qui est juste à côté où peut-on retirer ou changer de l'argent. Il me dit qu'il faut aller en ville à 50mn de marche puis me demande si c'est pour changer du cash. J'avais retiré du liquide à Saint Martin et je lui dit que j'ai un peu de cash. Il me ramène à son bureau et me propose de faire le change au taux officiel ici. Vu qu'il est plutôt sympa depuis le début et que sa bonne tête semble attester de son honnêteté, je change les 3/4 des euros au taux de 27 escudos pour 1€. Il a pas tout le cash souhaité au bureau mais il me rapportera le cash dans quelques minutes au bateau. Comme je lui demande il connaît un petit restaurant pas cher il me dit qu'il me donnera tous les renseignements quand il viendra au bateau. De retour au bateau, nous croisons divers français qui sont l'essentiel des bateaux de passage.

Une jeune femme nous dit avoir trouvé une carte sim avec 10 go pour 20€. Nous sommes intéressés. Elle nous indique un ouvrier en train de travailler sur un bateau norvégien. Il nous dit que c'est 40€ la carte, nous lui demandons la raison de la différence, il dit que la femme partant dans 2 jours il lui a donné sa propre carte, Comme nous pensons rester un mois ce sera une carte neuve que nous aurons, jurant ses grands dieux des tarifs officiels, de son honnêteté etc. Un peu coincés nous lui commandons une carte que nous partagerons grâce à un téléphone tiers qui fait office de serveur wifi. Il nous l'amènera après son travail. De retour au bateau, compte tenu des informations sur la quasi impossibilité de trouver des fruits et légumes frais je pars en quête d'un magasin pour tâter le terrain. En fait il se trouve dans un grand hôtel et quand j'arrive il est fermé. Je fais quelques photos dans la rue où il y a peu de véhicules mais où il y a de ces vieilles américaines qui font parties du mythe Cuba. On y trouve des ladas, des trabans ( vieilles voitures de la RDA) des petites voitures plus récentes mais en état plus que moyen, quelques voitures françaises des années 70, des motos pétaradantes et des vélos. Il y a des tricycles taxi à pédales ou à moteur. C'est samedi et beaucoup de gens sont assis à l'ombre au bord de la route ou dans les parcs. Il y a énormément de statuts au mètre carré, un centre culturel resplendissant, des hôtels et restaurants de luxe, des petits bars où il n'y a pas de bière mais où l'on sert des rhum coca dont j'ai oublié le nom.

A mon retour pas de nouvelles ni du capitaine ni de l'ouvrier sinon que ce dernier est passé récupérer les 40€.

Je croise le capitaine sur le ponton qui m'emmène dans son bureau après m'avoir remis le reste de cash. Il me présente le chef de la sécurité de la marina qui , parlant français m'explique que la vie a Cuba est devenue très compliquée, que les prix grimpent à une vitesse exponentielle et qu'il vaut mieux éviter les restaurants sinon le repas reviendrait à 40 ou 50€. Il dit qu'il peut par contre me faire livrer des repas sur le bateau pour 9€ par personne, entrée plat et dessert. J'accepte sur l'acccord d'un plat de poisson , de salade et d'un dessert. Il est11h 30, il me dit que nous serons livrés vers 23h30. Retour au bateau où nous nous reposons en attendant que nos affaires se concluent . Vers 14h nos prestataires arrivent l'un après l'autre. Le premier vient avec un carte son de Cubacel agence officielle cubaine de téléphonie. Il nous installé la carte, fais les manipulations d'usage pour la mise en route et me montre que nous disposons en fait que de 1,5 go de data. Je proteste, il jure qu'il ne nous a pas promis 10 go que si nous allons dans une agence nous aurions une carte touriste bien moins avantageuse non rechargeable alors que celle là on pourra facilement racheter des recharges etc... Coincés on la garde. L'autre nous apporte les repas, pas de dessert il me dit qu'il nous a fait une réduction. Il me demande 1700 escudos. Je fais une division par 27 pour l'équivalent en euros, je trouve plus de 60€. Je lui rappelle notre accord, il me repplisue que les approvisionnements de font au marcher noir sur la base d'un euros pour 100 escudos. 17€ =1700.

Il est 14h, je n'ai rien préparé et ça m'ennuie d'envoyer bouler le chef de la sécurité. Je paie, le repas est dégueulasse, mais à 30€ non remboursable, je mange en me traitant de naïf impénitent et c'est promis je ne m'y ferai plus prendre. Bref si vous venez a Cuba, il faut amener du cash en euros ou us dollars et le changer dans la rue au taux du marcher noir 1€ pour 100 escudos. Par ailleurs venir avec le bateau rempli de nourriture car ici impossible de trouver du frais autant en fruits et légumes qu'en viande.

Après une sieste, je vais faire un tour pour prendre quelques photos et me repérer dans le quartier. Il y a de magnifiques bâtiments, des parcs, des ateliers professionnels de mécaniques moins équipés que les amateurs de chez nous, des petits métiers de rue, de la musique un peu partout, beaucoup de monde dehors qui semble s'ennuyer un peu. De retour à la marina, je donne rendez vous à Simon au bar mais il est fermé. Nous allons sur la petite plage familiale à côté où une gargote sert des cocktails. La bière il n'y en a pas. Nous rencontrons des Bretons et engageons une discussion avec eux. Nous apprenons que le salaire moyen ici mensuel est de 2000 escudos soit 20€ au marcher noir et 80€ au change officiel. Autant dire que je comprends mieux cet appétit de gagner l'argent sur notre naïveté. L'économie Cubaine en 20 ans s'est complètement effondrée. Nous sommes invités à manger sur le bateau des Bretons. Nous apportons notre pain fait maison et une saucisse de Morteau. Repas de spaghetti à la saucisse et vin de Bordeaux où le monde est meilleurs après assurément qu'avant, et le mal de crâne au rendez vous au lever.